C’est un flop et c’est mieux comme ça…
Ils voulaient un évènement historique. C’est finalement un coup dans l’eau et c’est probablement mieux ainsi. Bralima, la plus grande brasserie du pays, s’était mis en tête d’organiser l’évènement musical du siècle au stade des martyrs. Plus de cent mille personnes pour un concert improbable dont on reparlerait dans vingt ans. Un moment d’anthologie comparable au combat Mohamed Ali – Georges Foreman de 1974. Cette fois ce serait « Fara Fara », le face-à-face des deux plus grands rivaux de la musique kinoise : les monstres sacrés JB Mpiana et Werrason.
De l’extérieur, une telle confrontation ne signifie sans doute pas grand-chose. Même si le rayonnement des deux stars dépasse largement les frontières du pays, je n’en savais rien avant de débarquer. Ici, ce sont des idoles adulées. La moindre répétition, le moindre déplacement est suivi par une foule d’inconditionnels et chaque prestation donne lieu à d'interminables débats.
Le premier est kasaïen l’autre du Bandundu. Très honnêtement, ils ne sont pas si différents. Mais les Kinois ont un sens aigu de la rivalité. JB et Werra, c’est comme la Skol et la Primus : c’est (presque) pareil mais on ne peut pas aimer les deux.
Le concert devait se dérouler le 29 décembre. Un cadeau de fin d’année. Le bulldozer promotionnel était lancé et Kinshasa ne parlait plus que de ça. Qui va accepter de chanter le premier ? Comment vont se comporter les deux publics adverses ? La rencontre aura-t-elle vraiment lieu ? Ici, tout le monde garde en mémoire le double concert de la FIKIN 2005. Après 15 heures de concert le gouverneur avaient du envoyer les gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Les deux musiciens refusaient de perdre la face en arrêtant le premier (cfr. article précédent).
Cette fois l’organisateur voulait placer l’évènement sous le signe de la réconciliation. Mais les fanatiques ne l’entendaient pas de la même oreille. Il faut dire que les deux clans se détestent cordialement et que les banderoles de provocations fleurissaient déjà à travers la ville. Les risques de débordement étaient donc importants. Personnellement, je n’ai pas rencontré beaucoup de téméraires souhaitant être présents. Trop dangereux. Ce genre d’affrontement est réservé aux durs des durs… et dans ce domaine, il faut reconnaître que le public de Werra remporte la palme.
Finalement, les autorités ont choisi la voie de la raison. La bombe a été désamorcée in extremis alors que les premiers fans assiégeaient déjà le stade. C’est la police qui s’est chargée de les disperser. Certains kinois regrettent. Les autres poussent un soupir de soulagement. A Kinshasa, on ne sait jamais ce que ce genre de rassemblement peut donner…