Noble Belgique...
Il y a quelques semaines, je suis passé furtivement en Belgique. Juste le temps de dire au revoir à la CTB et d'endosser ma nouvelle casquette d’ong. Curieusement, j’ai parcouru plus de douze mille kilomètres pour… traverser le boulevard Lumumba. Mon nouveau bureau est en effet à un jet de pierre du précédent. A l’heure d’internet, ce billet d’avion était aussi absurde que l’eau de Spa que l’on trouve dans les supermarchés kinois. Mais bon, on est plus à une contradiction près dans la coopération au développement.
Ceci dit, mon passage en coup de vent au pays m’a fait le plus grand bien. Après une dizaine de mois sous les tropiques, j’avais presque oublié le confort d’un bon matelas et le goût de la trappiste. Comme tous les expats, j’affectionne particulièrement ces retours aux sources. C’est l’occasion de revoir ses proches, de retrouver ses racines. C’est aussi des moments privilégiés pour prendre de la hauteur par rapport au quotidien un peu particulier qui est le nôtre.
Les premiers instants du retour sont toujours très particuliers. A la sortie de l'avion, tous les sens sont en éveil. Les idées se bousculent. Le regard part dans tous les sens, s’accroche à tout ce qui passe. On se met à comparer, à relativiser. On redécouvre. On s’étonne. On s’interroge. L’espace de quelques instants, on retrouve les yeux, l’émerveillement et la curiosité d’un petit enfant.
Chaque retour est différent, mais ces premières heures sont toujours aussi riches et passionnantes. Je les chéris. J’étais parti en l’Afrique pour prendre du recul par rapport à la société qui m’entourait. Lorsque je remets les pieds sur ma terre natale, c’est comme si je pouvais enfin cueillir et savourer un fruit arrivé à maturation.
Alors qu’est-ce qui m’a frappé cette fois ? Que me suis-je dit en sortant de l’avion, en parcourant les rues de Liège et de Bruxelles ?
A vrai dire, je suis à chaque fois fasciné. Véritablement émerveillé devant la complexité de notre société, son degré d’aboutissement, l’ampleur de ses infrastructures et la beauté de ses réalisations.
Par dessus tout, j'admire l’équilibre social qui règne dans ce pays. A Bruxelles, personne ne meurt de faim. A Liège, personne ne gagne mille fois plus d'argent que son voisin. Tous les enfants vont à l’école et les hommes sont égaux devant la loi.
La sécurité sociale, la gratuité de l’enseignement, des soins de santé pour tous, de l'eau et de l'électricité dans chaque foyer… C'est véritablement extraordinaire ! Existe-t-il dans l’histoire de l’humanité société plus juste, libre et équitable que notre vieille Europe? On réalise pleinement l’ampleur de ce miracle lorsqu’on prend la peine de s’en éloigner.
Au fil des heures, on retrouve ses marques. On retrouve les siens. On raconte. On écoute. En levant le nez, on voit les drapeaux belges pendus aux fenêtres. L’admiration faiblit. On lit la presse et l’on réalise que notre belle société équilibrée a des caprices de star, qu’elle se comporte comme un enfant gâté. Serions-nous en train de tout gâcher? Pour des questions de langues, de clichés… Quelle médiocrité! Quelle tristesse! Nous étions un modèle nous serons bientôt la risée...