Transport eza pasi... mingi!
Chaque jour c'est le même ballet, le même déferlement. Au moment de quitter mon bureau de Limete, je croise la route d'une véritable marée humaine. Entre 16h30 et 18h30, des centaines de milliers de personnes quittent le centre ville pour retourner dans les quartiers « dortoirs » de la périphérie. Alors que je dois justement me rapprocher de la Gombe, je remonte les embouteillages et la foule qui fait les pieds. La scène est surréaliste. Elle est pourtant quotidienne.
Faire les pieds, c’est la fatalité. Parce que Kinshasa est une ville de huit millions d’habitants dont les infrastructures n’ont pas évolué depuis l’époque où elle en comptait cinq cent mille. Mais surtout, parce que les moyens de transport font cruellement défaut. L’unique société de transport public, la STUC, compte moins de 300 bus dont la moitié est immobilisée. A titre de comparaison, la RATP dispose à Paris de plus de 4000 bus, 700 rames de métro et 400 de RER....
A Kinshasa, il n’y a donc que la débrouille sur laquelle on peut compter. Tout ce qui roule fait office de transport (très) collectif. Une benne de camion peut par exemple emmener sans difficulté une cinquantaine de passagers.
Lorsqu’un véhicule vide s’arrête sur le bas côté, il est pris d’assaut par les marcheurs fatigués. Tout le monde se met à courir. C’est la cohue, la loi du plus fort. Il faut jouer des coudes et donner de la voix pour espérer trouver quelques centimètres carrés. Il faut aller vite. Il n'y a pas de place pour tout le monde.
Mais ces véhicules sont moribonds. La plupart d'entre eux arrivent déjà dans un piteux état. Mais il faut admettre que leur mort est légèrement accélérée. Quand ce n’est pas l’état des routes, c’est le surchargement systématique qui tue la mécanique. Ici, un combi peut contenir une trentaine de personnes et un bus plus de 150. Les vieilles camionnettes Belgacom que l'on croisait partout il y a six mois ont toutes disparues. Qui veut aller loin ménage pourtant sa monture…