Bravo Papa André !

A mon grand étonnement, j’ai croisé ces derniers jours de nombreux militaires belges dans les rues de Kinshasa. Je me frotte les yeux. Serait-ce pour préparer une évacuation des expatriés ? Une visite du roi ? Une tentative de recolonisation ? On s’attend à tout à Kinshasa.

Des militaires étrangers, il y a en a beaucoup. Les casques bleus tunisiens, ghanéens ou uruguayens sillonnent la capitale sans relâche avec leurs beaux véhicules blancs. Mais l’armée belge avait l’habitude de se faire plus discrète. Une modeste collaboration militaire avec une poignée d’instructeurs tout au plus. Ce que j’ai vu me laisse donc perplexe.

A y regarder de plus près, ces soldats belges présentent quelques incohérences troublantes. Pas d’accent flamand ou ardennais, pas de petite bedaine caractéristique, un AK-47 en bandoulière… Je ne savais pas l’armée belge équipée de Kalachnikov. La FN aurait-elle fait faillite ?

C’est finalement sur internet que Marie-France Cros (La Libre Belgique) a éclairé ma lanterne. D’invasion militaire belge, il n’est nullement question. Seulement une maladresse (de plus) de notre redoutable ministre de la défense.

En effet, fin 2006, André Flahaut a décidé d’offrir aux Forces Armées de la République Démocratique du Congo une cargaison de vieux uniformes de l’armée belge. Il est vrai que les troupes congolaises ont grand besoin de matériel pour défendre la souveraineté de ce vaste territoire convoité. L’intention est donc louable. Malheureusement, la panoplie a été livrée sans en retirer nos drapeaux noir-jaune-rouge.

C’est ainsi que l’on croise quarante sept ans après l’indépendance des soldats congolais aux couleurs de la Belgique. Surtout en cette saison sèche où la température devient presque polaire et descend (même!) sous la barre fatidique des 20°. Les militaires portent alors tous les éléments de leur uniforme susceptible de leur faire gagner quelques degrés. Pull, veste, imperméable, casque… tout est bon pour lutter contre la fraîcheur de juillet.

La scène pourrait faire sourire si nos couleurs nationales ne se retrouvaient pas dans certaines postures embarrassantes. Dans un pays encore fragile, les affrontements comme les exactions sont monnaie courante. Plusieurs pillages auraient été commis avec des uniformes belges et dans certains villages on a vraiment cru à une dérive de l’ancienne puissance coloniale. Informée de la situation, la Belgique a bien exigé le retrait de tous ses symboles. Oui, oui…Le fait est qu’aujourd’hui on en croise encore dans les rues de Kinshasa.

NB : Je n’ai pas risqué la photo. Je tiens encore à ma peau…