... et ça repart!
Il y a peu, j’écrivais sur cette page que la tentation du repli sur soi n’était jamais loin. Vraiment (probablement le mot préféré des Congolais), je ne pensais pas si bien dire. L’essoufflement m’attendait au tournant. Il faut décidemment bien peu de choses pour que l’intégration marque le pas.
Il y a de cela deux trois semaines, sans trop m’en rendre compte, j’ai mal négocié le fameux « virage des trois mois ». D’après les vieux de la vieille, rares sont ceux qui échappent à ce syndrome caractéristique. Après l’enthousiasme de la découverte, un peu de fatigue se fait sentir. Les journées se font plus longues et la nostalgie pointe le bout de son nez. Ce qui amusait encore il y a peu devient irritant. La Belgique envahit les pensées et avec elle l’envie de sauter dans le prochain avion qui nous ramènera à la civilisation. Rien de grave à cela. Mais il est vivement recommandé de s’administrer un grand coup de pied dans le cul si on veut sortir sans traîner de cette mauvaise passe. Ca…?!?! C’est fait !
Jusque là, l’envie de découvrir, le désir de comprendre et la soif de rencontres ne m’avaient pas souvent fait défaut. Même s’il n’est pas toujours facile de trouver sa place à Kinshasa, la curiosité était le carburant de mes journées. Mais des pantoufles me pendaient sous le nez… Un embouteillage de trop ? Le millième litre de sueur ? Le dix millième trou dans la route ? Ou bien serait-ce la quarantième coupure d’eau qui a fait déborder le vase ? Peut-être ! Mais pas uniquement. A vrai dire, un malheureux concours de circonstances a profité de ma vulnérabilité des « trois mois » pour m’envoyer dans le décor. Une désertion collective de la maison, une grosse gastro et un accident de voiture avaient déjà sérieusement entamé ma belle motivation. Mais c’est probablement l’interdiction de conduire qui a fait le plus de dégâts. Kinshasa sans voiture !?!? Mais c’est comme… un baiser sans moustache (d’après l’autre) !!! C’est une prison dont le maton se serait déguisé en chauffeur pour la promenade quotidienne.
C’est alors que j’ai failli basculer dans l’autre catégorie de mundele, celle pour qui Kinshasa se limite à Gombe et « Ma campagne » (les deux "villages" nantis au cœur de la jungle urbaine) et qui considère le Congolais comme un étranger. Résidant, un peu malgré moi, dans l’un de ces deux quartiers bourgeois, il faut vraiment peu de choses, une seconde d’inattention et une interdiction de conduire, pour se retrouver englué dans des cercles friqués pas toujours très relevés.
J’ai mis un peu de temps à réaliser que j’étais sorti de la route. Ce n’est qu’après une quinzaine de jours et quelques discussions avec Charline que j’ai remarqué le piège qui était en train de se refermer sur mes belles intentions. Il était temps de réagir, le destin s’est chargé de m’y aider. Issam, un excellent colocataire libano-suédois nous a rejoint, nous avons retrouvé nos droits de conducteurs et une vague de belles rencontres congolaises est venue couronner cette résurrection sociale. C'est fois, c'est bon! C'est reparti!
«Du Cabiau à Kinshasa» : clap deuxième… on tourne !!!