Bukavu... Sud Kivu!

Depuis lundi, je suis à Bukavu. Après neuf mois à Kinshasa, il était temps de découvrir le Congo. Tout ici est différent de la capitale : la terre, les gens, le climat…

La ville est belle. D’innombrables collines verdoyantes découpent le paysage et descendent dans le lac Kivu. Les maisons à étages sont élégantes. Elles bordent des rues escarpées et offrent de magnifiques perspectives. On trouve partout des fruits, des fleurs et des bananiers. On croise même des touristes venus voir les gorilles et les volcans. Ca pourrait être le paradis.

Pourtant, la région peine à sortir de l’enfer. La ville a changé de mains à cinq reprises au cours des dix dernières années. Trois fois à la suite de violents combats. La dernière prise de Bukavu remonte à mai 2004. La ville subira alors deux pillages consécutifs...

Aujourd’hui, la région est toujours infestée de groupes armés incontrôlés. On n'assiste plus aux mêmes affrontements que dans la province du Nord mais la situation reste critique. Des milliers de viols ont encore été recensés cette année…

Voir aussi l'album photos Bukavu.

Comments

[henriette]

J'ai séjourné en mars 2013 à Bukavu et ai adoré y être.Surtout la très grande gentillesse et l' hospitalité de ses habitants.La région est superbe.Je recommande aux futurs touristes de prendre la peine d'apprendre quelques mots basiques en Kiswahili et d'avoir quelques notions de l'histoire de la RDC et du Sud-Kivu.Bien sûr ,on est pris de compassion en découvrant la misère autour de soi mais,en rentrant chez vous,ne racontez pas seulement les horreurs entendues ou vues mais également toutes les beautés de cette région et le contraste entre la sociabilité des Bukavuniens et l'individualisme des Européens.Vos témoignages positifs aideront le Congo à promouvoir le tourisme dans cette région qui en a fort besoin et le mérite.

Je remercie de tout cœur tous ceux que j'ai rencontré à Bukavu de m'avoir accueillie.

[maes beatrice]

Bonjour,

Je suis née à Bukavu en 1956... Je cherchais à retrouver un peu de mon passé et j'ai trouvé votre site. J'aimerais tellement retourner aux sources de mon histoire. Mes parents ne se remettent pas de leur vie en afrique et je ne comprends pas toute cette tristesse qui les habite. Je voudrais faire ce voyage mais est-ce possible, voire raisonnable. merci de me dire ce qui est possible ou pas.

Béatrice

[edmond bantu]

N´ayant jamais eu l´occasion de visiter la région de Kivu, ces quelques photos et le rappel historique de Alex me laissent une impression d´une beauté et d´une tristesse se mélangeant de facon bizarre, en ce sens que la ville est belle alors que l´histoire est triste, très triste. Ne nous laissons pas abattre, et souhaitons une paix durable à ce coin du congo.

[Alex Engwete]

François, les photos de votre carnet de route sont impressionnantes. Belles photos de Bukavu. Bukavu, longtemps sous vous autres « nókó » belges Costermansville (en l’honneur au baroudeur bruxellois Paul-Marie Costermans), était la terre de prédilection pour les « mindélé » à cause de son beau climat… Vous êtes amateur des vielles photos, recherchez donc les photos de l’ancienne Bukavu coloniale… Vous rappelez aux Bukavutiens l’épisode cruel de la prise de leur ville, facilitée par une intervention intempestive de la MONUC auprès du héros baroudeur méconnu le Général Budja Mabe des FARDC, par les troupes de Mutebutsi et Nkunda (26 mai 2004-9 juin 2004). C’était l’horreur ! J’ai des membres de famille et des amis qui sont à Bukavu qui me racontent leurs cauchemars sous ces terroristes sexuels. L’une d’elles, du quartier Nguba, m’a confié qu’elle a été violée et, grâce à Dieu, son mari était en mission de service à Kinshasa : il aurait été tué par ces soudards. Jusqu’à ce jour elle souffre dans le silence, effrayée par la perspective d’être chassée du foyer conjugal si son mari apprenait son viol !... Les pillages qui ont suivi le retrait des troupes de Mutebusi et Nkunda ont eu un étrange épisode d’un burlesque tout rabelaisien... Le Commandant Anselme Masasu Nindaga, ancien allié de Laurent-Désiré Kabila, avait été condamné par la Cour d’Ordre Militaire (COM) en octobre 2000 et passé par les armes le 24/11/2000 à Pweto pour avoir orchestré un coup d’Etat contre Kabila-père. Lors de la prise de la localité où il était enterré par les troupes du Rwanda et du RCD, son corps aurait été exhumé et envoyé via Kigali pour enterrement à Bukavu, sa ville natale. Les leaders du RCD l’y ont enterré avec grande pompe à la Place de la Poste dans un petit mausolée de marbre, dit-on. Lors des pillages de la ville à la suite du retrait des troupes de Nkunda et de Mutebusi en juin 2004, les Bukavutiens, violentés pendant plus de deux semaines par ces bandits armés, sont aussi allés se défouler sur le mausolée de Masasu. Qu’y trouvent-ils à la place du corps dans sa bière ? Des morceaux de pierres et des cailloux !... Assez étrangement, aujourd’hui encore, cet épisode macabre fait encore rire aux larmes les Bukavutiens … :-)