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Du Cabiau à Kinshasa
10 avril 2007

In terra incognita

L'expérience du déracinement qu'il m'est donné de vivre cette année n'est vraiment pas exceptionnelle. Des millions de personnes avant moi ont eu l'occasion de faire le grand plongeon du dépaysement. Une foule d’immigrés, d’étudiants, de travailleurs et d’aventuriers de tous poils ont déjà emprunté le chemin sinueux de l’inconnu. Mais je voudrais tout de même partager avec vous quelques impressions personnelles. Certains y trouveront peut-être une expérience passée. D’autres, l’envie d’y goûter un jour.

Photo_02_05_2006_184Dans un premier temps, l’immersion dans un nouvel univers, c’est une succession de découvertes hétéroclites. Un ensemble de clichés sans connection apparente. Nos repères et nos évidences disparaissent subitement. Il faut trouver sa place et apprivoiser ce nouveau décor. L’émerveillement alterne avec l’incompréhension, voire l’indignation. Les uniques clés de discernement dont on dispose sont nos références occidentales obsolètes, une maigre expérience personnelle et quelques témoignages plus ou moins contradictoires que l'on a pu recueillir ici et là. Ce mélange de vécu et de mises en garde offre une première représentation confuse de notre nouveau milieu.

Ces premières semaines, il nous faut lutter pour museler nos vieux réflexes paternalistes et notre morale bien pensante. Dans un pays tel que celui-ci, de nombreux comportements nous paraissent aberrants. Rien ne s’enchaîne comme prévu. Chaque jour, on pense relever des contradictions inexplicables. Tout nous échappe. Pourquoi tant de misère? Pourquoi tant d’inégalités? Pourquoi telle ou telle chose fonctionne chez nous et pas ici ? Les solutions nous paraissent parfois évidentes. Quelle méprise ! Quelle prétention ! Il n'est pas temps de juger. Il faut faire preuve de patience et calmer avec les moyens du bord les irritations qui peuvent se manifester. Une petite voix nous rappelle à l'ordre de temps à autres. Elle nous dit intérieurement que chaque chose a son explication et que ces contradictions apparentes reflètent probablement les limites de notre intégration. De fait, les différents aspects de la vie locale nous sautent à la figure en ordre dispersé. Mais ils sont probablement interconnectés. Les uns étant le revers de la médaille des autres.

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Les semaines passent et les rencontres se multiplient. Le brouillard se lève lentement. Cet environnement si étrange devient peu à peu familier. On trouve ses marques. On se sent presque chez soi. On s’engage alors sur le long chemin - sans fin - de l'approfondissement et de la compréhension de l'autre. Les caractéristiques qui nous semblaient tellement contradictoires au départ convergent entre elles pour former les différentes facettes d'un tout cohérent. Bout à bout, les clichés deviennent pellicule. Le puzzle prend forme. Sans que l'on puisse encore expliquer le pourquoi et le comment de nos observations, on commence tout doucement à distinguer les contours d'un objet complexe et fascinant que l'on appelle “culture”.

Comme en montagne, la beauté vient couronner la patiente ascension. Pas à pas, jour après jour notre nouvelle terre d’accueil dévoile ses mystères et sa richesse. Mais il n’est pas simple de se débarrasser de ses oeillères. Il faut s’ouvrir à une autre vision de la vie, du monde et des hommes. Mais on est souvent surpris par ses propres limites. La curiosité et la tolérance demandent un certain effort. Les préjugés ne sont jamais loin…

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Commentaires
D
Eh kwe ?<br /> Que se passe-t-il ?
P
hello Fonzy,<br /> <br /> je me permets de te demander des nouvelles ... <br /> <br /> Tchoussss
N
Je trouve que le phénomène de choc culturel est vraiment fascinant. Bien que l'on peut s'y préparer, il est totalement illusoire de croire que l'on pourra y échapper. <br /> <br /> On parle moins du phénomène de 'reverse culture shock', on on repasse par les différentes phases du cycle d'adaptation lors d'un retour dans son propre pays (pour peu que l'on ait vécu assez longtemps dans le pays étranger).<br /> <br /> Bon courage et A+<br /> <br /> Gaetan.
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